lundi 1 septembre 2014

Dragon

Dans l’appartement, mes héroïnes patientaient déjà, Anna tournait en rond tandis que Marie tenait dans ses mains un cahier. En nous voyant rentrer, toutes les deux se jetèrent sur nous et nous assommèrent de questions, elles parlaient toutes les deux en même temps, et à une allure si soutenue que seule la moitié de leurs phrases était compréhensible.
Ne sachant pas quoi faire dans une telle situation, Le Faucon préféra se taire, repoussant gentiment les deux jeunes femmes, il se traîna jusqu’à son matelas et s’y effondra faisant comprendre qu’il ne désirait pas répondre aux interrogations.
Je l’aurais bien imité en me réfugiant dans les draps, mes héroïnes ne m’en laissèrent pas l’occasion ; seul face à elles, j’essayais de répondre à leurs questions. Très vite, la fatigue se fit sentir et je réclamai moi aussi le droit de me reposer. Bien que n’ayant pas encore fini leur interrogatoire, elles me laissèrent m’allonger et sombrer dans un profond sommeil, peuplé de Spectres squelettiques armés de faux.
Ce moment de répit fut réparateur, l’engourdissement disparut enfin totalement, mes bras ne pendaient plus lamentablement le long de mon corps, comme s’ils eussent pesé des tonnes. Toute l’aventure ayant précédé mon repos me paraissait issue d’un mauvais rêve ; dans la chambre, mon héros ronflait toujours dans son lit, Anna dormait également, recroquevillée dans la couette, la tête enfouie dans son oreiller.
Dehors, le jour commençait à décliner, le soleil entamait sa phase descendante, ma sieste avait duré deux heures, au grand maximum. La pièce, encore baignée de lumière, était incroyablement calme, seule la respiration bruyante de Gabriel rompait de temps à autre le silence qui régnait. Sans faire de bruit, je m’extirpai de la couverture et me dirigeai vers le bureau. J’y trouvai Marie, éveillée, assise dans le canapé qui faisait face à la cheminée, elle lisait un livre serré contre elle, le livre contenant ma description.

- Comment te sens-tu, demanda-t-elle en sortant de sa lecture.

-Mieux, plus reposé. Et soulagé que cette affaire soit enfin terminée.

Elle me tendit l’ouvrage avec un regard inquiet.

-J’ai posé le reste de ton sac dans l’autre pièce. Apparemment tu es parti à la poursuite de cette chose en oubliant toutes tes affaires, Anna et moi les avons retrouvées éparpillées dans une salle.

-Merci, je ne m’étais même pas rendu compte que je les avais perdues.

Marie soupira puis leva vers moi un regard triste :

-Quand je les ai retrouvées, ton livre était abîmé, avec des coupures à chaque page. Je les ai réparées à la va vite, dans la panique, je ne sais pas si cela t’a été d’une grande utilité.

Je me souvenais de la vague d’énergie ayant déferlé en moi après que William nous eut sauvés, le sniper et moi. Remerciant chaleureusement mon héroïne, j’allai m’asseoir à ses côtés en feuilletant l’ouvrage.

-Ce sont les avantages d’être un héros moi aussi, notai-je.

Même si je ne la voyais pas, je sentais le regard meurtrier que me lançait la guerrière, du coin de l’œil, je regardais son visage, son front barré révélait son inquiétude.

-Tu m’en veux toujours ?

Elle ne répondit pas, mais son expression en disait plus que n’importe quoi. Les lèvres pincées, les sourcils froncés, le regard fuyant, tout m’indiquait que mon acte n’était toujours pas pardonné. Un lourd silence s’installa, aucun de nous ne savait quoi dire, si bien que, plusieurs minutes durant, on s’occupa à une autre activité en essayant de ne pas regarder l’autre. Je me replongeai dans la description que je connaissais déjà par cœur, Marie torturait ses doigts en se mordant la lèvre inférieure. Ne supportant plus cet embarras, je finis par rompre mon mutisme :

-Je m’excuse d’avoir fait cela en cachette. Mais je l’ai déjà dit et je le redis ici, il est trop tard pour faire marche arrière, en plus, tu ne pourras pas nier qu’être un héros m’a permis de me défendre et de résister là ou d’autres auteurs normaux sont morts. Bien sûr, cela comporte des risques, mais essaye de voir les bons côtés plutôt que te borner aux mauvais, et puis ce n’est pas comme si j’étais en première ligne. Je compte aussi sur ma grande guerrière divine pour me protéger.

Le qualificatif la fit sourire.

-Mais tout à l’heure je n’étais pas là, et même avec Gabriel tu as failli te faire tuer. Je te dois la vie, c’est toi qui m‘as imaginée et qui m’a créée, bien avant d’apparaître dans ce monde je vivais déjà les aventures que tu façonnais avec moi. Tu es mon créateur et la personne à laquelle je tiens le plus, et si tu meurs, je meurs aussi ; moi, Anna, Gabriel, nous mourrons tous avec toi. C’est pour cela que je t’en veux, ici être un héros signifie se battre et je ne veux pas que tu te battes. Tu nous as créés pour te protéger, en te transformant en personnage tu rejettes notre protection, ce pour quoi nous vivons. Si je ne peux plus te défendre alors à quoi est-ce que je sers ?

Elle pleurait, sa voix tremblait, les larmes roulaient le long de ses joues et se réunissaient sous son menton pour tomber en grosses gouttes, ses yeux humides fixaient le vague. Elle était si belle, voir son visage ravagé par la tristesse m’était insupportable, j’aurais tout donné pour la voir sourire.
Je tenais toujours le livre, la cause de tout son malheur, le feu crépitait dans la cheminée, l’espace d’un instant j’hésitai à y lancer la description et la regarder se faire dévorer par les flammes, se faire consumer jusqu’à ce qu’il n’en reste que des cendres. Mais cet acte reviendrait à me suicider, le brasier me brûlerait de l’intérieur jusqu’à ce que mort s’en suive, et rien ne serait réglé. Marie continuait de sangloter, déposant le livre, j’enroulai mes bras autour de l’héroïne et l’amenai contre moi :

-Tu n’as pas été créée pour me protéger, la réconfortai-je. Si je suis sûr d’une chose c’est que c’est à toi que je dois tout, je ne t’ai pas créée, c’est toi qui m’es apparue un beau jour, amenant avec toi des histoires dans lesquelles tu jouais le rôle de personnage. C’est toi qui m’as donné le goût de l’écriture et pour ça que je t’interdis de dire que tu ne sers plus à rien, ou que ta présence se limite à ma protection. Quand je t’ai vue au départ, tu n’avais pas de nom, est-ce que tu sais pourquoi je t’ai appelée Marie ?

Elle secoua la tête en signe de négation.

-Marie est l’anagramme du verbe aimer. Tu es ma muse, et il est normal qu’un écrivain cherche à défendre sa source d’inspiration, surtout lorsqu’elle est aussi belle que toi.

Mes mots l’atteignirent en plein cœur, ses sanglots s’espacèrent, ses yeux rougis se levèrent doucement et se plantèrent dans les miens.

-Je peux très bien me défendre toute seule, tu m’as créée ainsi, mais je ne peux pas vivre toute seule, alors comment veux-tu que j’accepte de te laisser prendre des risques que tu pourrais éviter ?

-Moi aussi je peux me défendre, mais dis-toi que je ne voulais pas non plus te laisser prendre tous les risques et attendre bien sagement que tout soit fini. J’ai survécu à la Mort, je pense que je ne débrouille pas trop mal !

-Alors promets- moi au moins de ne pas trop en prendre, cela m’empêchera de trop m’inquiéter.

Je passai une main dans ses cheveux, sa longue chevelure de jais où dansait le reflet des flammes.

-Si cela peut te rassurer, alors c’est d’accord, je promets d’essayer de ne pas prendre trop de risques inconsidérés.

-Ce n’est pas vraiment convaincant.

-C’est un bon début.

L’orage sur son visage était fini, ses traits se détendirent, du dos de la main, elle effaça les sillons laissés par ses pleurs. Nous restâmes à nous regarder pendant de longues secondes, ce fut elle qui détacha son regard la première :

-Je pense que nous nous sommes tous assez reposés, il serait temps de sortir un peu, histoire de se changer les idées.

Elle rayonnait, la voir ainsi m’emplissait de joie, j’acceptai son idée avec enthousiasme et me levai à mon tour.
Dans la chambre, Le Faucon était déjà réveillé, assis dans une chaise, il attendait patiemment, comme il savait si bien le faire, s’occupant en lustrant son fusil de précision. Après avoir réveillé Anna qui dormait toujours à poings fermés, nous partîmes à la recherche d’un auteur acceptant de nous affronter. Il faisait presque nuit lorsque, voyant que nous cherchions un match, un jeune écrivain nous rejoignit :

-Je cherche moi aussi un adversaire, nous dit-il ; ça vous dit un deux contre deux ? au fait je ne me suis pas présenté, je m’appelle Christopher Paolini.








Notre nouvel adversaire nous guidait jusqu'à une arène en plein air, très étendue. Préférant laisser Anna de côté, elle ne semblait pas encore comprendre le but du travail d’équipe, Marie et Gabriel entrèrent pour combattre.
Prenant place devant l’adolescent leur faisant face, mes héros l’examinèrent attentivement. Celui-ci articula un mot dans une langue inconnue et soudain le sol se mit à trembler ; s’éloignant à toute vitesse de la faille qui se créait, ils ne purent distinguer l’ombre qui se profilait derrière eux. La nuit empêchait de voir clairement mais il me semblait avoir aperçu une énorme masse ailée. Pour l’heure, mes deux personnages tentaient de distancer le gouffre qui s’élargissait dans leur direction quand, sur une nouvelle exclamation de l’ennemi, une forêt poussa à toute vitesse autour d’eux. Après la terre, mes héros se trouvaient confrontés aux branches que les arbres, comme animés d’une énergie propre, envoyaient vers eux. Je devais réfléchir, si le livre de cet auteur me revenait en mémoire, alors il me serait possible de contrer son protagoniste. Voyons voir, Christopher Paolini, ce nom me disait quelque chose. Le livre avait fait un énorme succès, réfléchir, cela commençait par un « S »… non, plutôt un « E », oui, c’est cela. Je l’avais lu en plus. « Eragon » bien sûr !

-Brisingr !

Les arbres s’embrasèrent, mes personnages coincés à l’intérieur. Dix secondes de plus m’auraient suffi pour les aider. Trop tard pour se lamenter, à côté de moi, les livres de mes héros roussissaient par endroits. Tout à coup, les flammes furent soufflées par les battements d’ailes qu’effectuait une créature pour atterrir. Celle-ci attrapa mes personnages dans ses serres avant de décoller pour disparaître dans l’obscurité.

- On ne voit rien, s’énerva Anna près de moi. Il faut créer un éclairage, vite !

Je ne l’avais pas attendue pour le faire, au même moment, dans l’enceinte, des lampadaires ainsi que des spots lumineux sortaient de terre, allumant ciel et terre d’une lumière crue.
Ma guerrière et Gabriel planaient haut dans le ciel, enfermés dans les pattes de ce que l’on identifia à présent comme étant un dragon. Le reptile volant, ébloui par cette soudaine luminosité, lâcha ses proies qui, afin de ne pas s’écraser deux cents mètres plus bas, s’accrochèrent de toutes leurs forces aux griffes. Bien que les écailles n’y soient pas favorables, ils durent escalader, à la seule force de leurs bras, les membres du monstre ailé pour se hisser jusqu'à son dos.
Loin de se laisser faire, Saphira (car il s’agissait sûrement d’elle), plongeait en piqué, effectuait des loopings vertigineux et enchaînait des vrilles à une allure folle. Rien à faire, les gêneurs tenaient bon. Lors d’un passage au ras du sol, cependant, Le Faucon fut frappé de plein fouet par la queue du dragon et éjecté violemment à plusieurs mètres de là, stoppé par un arbre a moitié calciné. Se relevant très péniblement, il sortit son fusil de précision, s’agenouilla, visa…et finit par renoncer, sa cible bougeait beaucoup trop et il risquait de toucher sa partenaire. Ayant atteint le dos de la créature, ma guerrière dégaina ses cimeterres et frappa, transperçant aisément les écailles pourtant solides. Un rugissement guttural résonna pendant plusieurs secondes, atterrissant en catastrophe, la bête s’ébroua de plus belle pour expulser l’intrus. Espérant que mon héroïne comprendrait mon intention, je changeai ses armes en longs pieux métalliques.

« Voyant que Gabriel ne pouvait tirer, Marie décida de se servir des piques en sa possession pour immobiliser son adversaire».

Ainsi cloué au sol, le sniper put plus facilement viser le monstre qui gémissait de plus belle. L’unique balle tirée atteignit le crâne du dragon qui s’effondra. L’adolescent, sûrement Eragon, avait observé la scène sans pouvoir intervenir et se retrouvait seul face à ses deux adversaires, il ne se découragea pas et, laissant de côté les incantations magiques, sortit une magnifique épée. Le reflet des torches dansait sur sa lame, il s’agissait véritablement d’une belle œuvre à côté de laquelle les cimeterres de Marie paraissaient presque laids. C’est là qu’Anna me fit remarquer :

-Euh… Emmanuel. Marie n’a plus d’arme.

Trop tard, le bretteur était sur elle ; contraint à l’esquive, mon personnage se pliait, virevoltait, bondissait pour éviter cette lame qui à plusieurs reprises faillit réussir à l’empaler. Mon cerveau tournait à une vitesse phénoménale, il fallait une arme et malgré l’urgence de la situation, je ne parvenais pas à me résoudre à une simple épée. Appelez cela comme vous voulez, sens artistique ou T.O.C, il n’empêche qu’il m’était impossible de négliger le moindre détail. Finalement, mon choix se porta sur une grande barre de fer achevée à chaque extrémité d’une lame d’environ trente centimètres. Terminant les derniers points esthétiques (totalement inutiles vu la situation), la création intervint juste à temps pour stopper un coup que la guerrière n’aurait pas pu éviter. N’étant pas habituée à se battre avec cela, elle campa encore un moment en défense avant de mener une attaque fulgurante quoique peu efficace.
Certes ses assauts se faisaient à une vitesse soutenue, mais les grands moulinets qu’effectuait l’arme n’intimidaient guère le dragonnier qui contrait avec une aisance décourageante. L’héroïne tenta n’importe quoi : coups à la tête, au buste, au bassin, faucher les jambes, en vain, son inexpérience avec cet armement rendait chaque tentative caduque.
Conscient qu’à cette allure, Marie finirait par perdre, je me voyais obligé de modifier son arme, Le bâton fondit en deux longs Kriss. Plus libre dans ses mouvements, jusque là perdante, elle reprit du poil de la bête. Elle s’accroupissait, pivotait, se contorsionnait tout en menant des offensives de plus en plus osées et virevoltantes.
Son adversaire suivait avec difficulté le rythme imposé par cette danseuse mortelle. Lors d’un coup de taille trop fort, Eragon, entraîné par le poids de son épée, offrit à la saltimbanque macabre l’occasion qu’elle attendait, ce fut la dernière erreur du dragonnier. Marie saisit le poignet tendu tenant l’arme et appuya sur la veine afin de lui faire lâcher. Puis, elle leva sa jambe pour la poser au niveau de l’épaule de l’ennemi.
Dans cette position, Eragon ne pouvait qu’implorer mon héroïne de le laisser, mais celle-ci n’écoutait pas et tirait en arrière. Elle ne s’arrêta que quand le bras fut complètement démantibulé. Affaissé au sol, le blessé déclara bien haut et bien fort son abandon, mais son cri fut recouvert par un grondement guttural ; avant d’avoir pu tourner la tête, l’héroïne fut balayée par une gigantesque queue écailleuse qui l’envoya rouler à plusieurs mètres de là, inconsciente. Saphira s’était redressée de toute sa hauteur, la balle avait dû simplement ricocher sur sa carapace d’écaille.
Le retour de son compagnon rendit courage à Eragon, lequel profita de l’occasion pour soigner son bras ; l’acte le conduisit au bord de l’évanouissement. En titubant, il rejoignit sa monture et se hissa dessus. Tout cela s’annonçait mal pour Gabriel qui, dernier de mes combattants, devait venir seul à bout de ses deux adversaires. Troquant son fusil sniper contre ses deux pistolets, le faucon se réfugia derrière un reste de souche calciné pour éviter les flammes que venait de cracher le dragon. Le maigre abri ne tint que quelques secondes pour finalement se désintégrer totalement ; ainsi à découvert, le tireur d’élite tira plusieurs coups de feu tout en cherchant une autre cachette. Avant d’avoir pu en trouver une, les Paoliniens lancèrent une nouvelle déferlante

« De nouveau submergé par les flammes, Gabriel se recroquevilla derrière son manteau ignifugé, ce qui lui permit de se soustraire au feu, pour au moins quelques minutes, le temps de trouver une solution »

Mon héros ainsi protégé, je m’activai afin de trouver une solution.

« Bellérophon tua la chimère en lui enfonçant dans la gueule une flèche de fer, celle-ci fondit au contact du feu et brûla la créature de l’intérieur. Si seulement je disposais moi aussi de quelque chose dans le genre. Malheureusement mes balles ne l’atteignaient pas. »

La phrase apparut d’elle-même dans le cahier de mon personnage, au milieu des petites brûlures qui se formaient en plusieurs endroits de la page. Il s’agissait des pensées de Gabriel.
Sans plus chercher comment cela s’était produit, je m’empressai de modifier l’équipement du sniper. Je remplaçai ses deux Beretta contre un nouveau fusil de précision doté de balles chemisées en fer. Le héros n’attendit pas pour l’utiliser, à peine la description fut-elle finie qu’un coup de feu retentit, puis un deuxième. Le titanesque reptile hurla de douleur et se cabra. Le faucon avait atteint la bête en plein buste, pénétrant profondément la chair, d’ailleurs peu écailleuse à cet endroit. Deux nouvelles détonations achevèrent Saphira qui s’écroula. Son cavalier fut désarçonné dès la première ruade. Encore très faible, le jeune dragonnier déclara forfait, se sachant dans l’impossibilité de lutter dans son état. Son auteur choisi la même chose et l’arène se rouvrit aussitôt.

- L’auteur Emmanuel passe à la 620ème place, bravo. Christopher Paolini rétrograde à la 235ème place, dommage.

Comme je l’imaginais, mon adversaire était assez haut dans le classement, rien d’étonnant. Pour une fois, aucun spectateur n’applaudit, pour une raison simple, la nuit et le froid avaient eu un effet répulsif sur tous les curieux. Après être allé chercher Marie qui n‘avait pas repris conscience, Gabriel sortit de la cage et déposa mon héroïne dans mes bras. Nous rejoignîmes nos appartements ; là, il refusa que je le soigne en premier.


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