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ELLE aura 17ans, 1mètre
75, une silhouette élancée, un corps magnifiquement sculpté à la
musculature fine, des cheveux mi-courts châtains, ébouriffés, un
visage harmonieux, des pommettes hautes, des yeux verts, une bouche
en cœur, un sourire enjôleur. Jalouse, protectrice, susceptible,
belliqueuse, suspicieuse, un brin autoritaire, faisant difficilement
confiance, voilà à peu près les principaux traits de son
caractère.
Originaire des ghettos de
l’ex Paris, rebaptisés « usine 6 » aux alentours de
l’année 2200, elle apprit à se battre dès son plus jeune âge.
Le combat faisait partie de sa vie, d’autant plus que dans les
quartiers il n’y avait pas vraiment autre chose à faire ; le
respect, l’autorité, tout s’obtenait par les affrontements. Son
agilité et ses talents de combattante lui valurent d’être souvent
désignée pour effectuer les missions d’assassinat qui
nécessitaient une grande discrétion, et ses atouts physiques en
firent une espionne très efficace, surtout auprès des gangs dont le
chef était un homme.
Elle avait toujours mené
à bien ses missions. Il lui fallait aussi un nom, voyons voir, Anna,
oui, elle se nommerait Anna. Il ne restait plus qu’une petite
introduction dans ce monde. « Lorsqu’elle ouvrit les yeux,
Anna était encadrée par deux inconnus. Le premier, un grand type au
visage sévère la lorgna du coin de l’œil avant de se replonger
dans son assiette de pâtes. L’autre en revanche la fixait,
immobile. Ne les laissant pas intimider, Anna soutint son regard,
plongeant ses yeux dans les siens. La confrontation durant bien
plusieurs minutes, aucune des deux ne sourcilla. »
Je m’attardai sur
encore sur quelques petits détails avant d’observer le résultat ;
assise sur une chaise, elle continuait son duel avec Marie, les deux
femmes se toisaient durement, se concentrant pour ne pas détourner,
ne serait-ce qu‘une seconde, leur regard.
Je me levai et me plaçai
entre elles, les obligeant à cesser leur duel. Mon attention se
porta sur ma nouvelle héroïne, je ne pensais pas l’avoir faite si
voluptueuse, sa poitrine était serrée dans une tenue de cuir
moulante, une bouche sensuelle et un regard envoûtant venaient
compléter le tableau, et rester là à la regarder tenait presque de
la torture physique. Elle présentait, tout comme Marie, un physique
avantageux dont je ne l’avais pas volontairement pourvue. Elle
était magnifique certes, mais peut-être un poil trop affriolante et
ne ressemblait pas vraiment à une combattante censée s‘être
battue pour survivre, enfin, je n‘allais pas m‘en plaindre, loin
de là….Je réduirais tout de même son tour de poitrine ainsi que
sa tenue vestimentaire afin qu‘elle ne ressemble plus à une
cowgirl.
Une fois les
présentations terminées, un rendez-vous s’imposait, rendez-vous
dont je me serais bien passé : la correction. Aucun de nous
n’avait envie de retrouver ces héros effrayants, seule la nouvelle
restait calme, ne sachant pas encore à quoi s’attendre. Bien que
cela paraisse très lâche, lorsque l’infirmier nous demanda si
nous désirions attendre dans une autre salle, Gabriel, Marie et moi
nous empressâmes d’accepter, laissant Anna seule face à ces
monstres.
Cette fois, l’entretien
ne dura que quelques minutes, après quoi l’héroïne ressortit,
une dague à la main, elle affichait une expression dure.
-Ne t’avise plus jamais
de m’envoyer avec des types comme eux, lâcha-t-elle, ou cela
risque de très mal se passer pour toi.
Je me risquai à glisser
un coup d’œil dans la salle de correction, les corps des deux
correcteurs gisaient par terre, un bras à aiguilles était planté
dans un mur tandis qu’une dizaine de bouches ornées de crocs
acérés couvraient le corps inerte de l’un d’eux. Horrifié, je
m’apprêtais à sermonner Anna, mais le regard noir qu’elle me
jeta m’ôta toute envie de la réprimander.
-Ne vous en faites pas,
nous rassura l’homme en blouse blanche, ce genre de chose arrive
très fréquemment, beaucoup de héros ne supportent pas leur
méthode.
Peu convaincu, je me
résignai tout de même à oublier l’idée de faire corriger
l’héroïne.
Notre nouvel objectif
était de trouver un nouvel adversaire, histoire de voir comment la
nouvelle se débrouillait. Pour une fois, nous dénichâmes
rapidement un auteur acceptant un affrontement .Il nous mena dehors
et désigna une zone de combat de taille impressionnante dont les
limites restaient invisibles de là où nous nous trouvions.
Puis, à sa demande, mes
trois personnages et moi-même nous engageâmes dans l’arène et
nous préparâmes. Marie, ajustait sa tenue afin qu’elle ne limite
pas ses mouvements, le faucon vérifiait son sniper ainsi que ses
pistolets. Quant à la nouvelle, elle s’était assise en tailleur
et observait ses compagnons, pensive, il ne me semblait pourtant pas
lui avoir donné ce trait de caractère. Vérifiant tout de même
dans son cahier, je ne trouvai aucune phrase justifiant son
comportement, bien que je l’aie faite calculatrice, très rusée et
capable d’effectuer des plans d’attaque compliqués, peut-être
faisait-elle exprès d’affecter cette attitude afin de tromper ses
futurs adversaires.
-Euh patron, ce n’est
pas dans mes habitudes de me plaindre mais je ne suis pas sûre que
l’endroit soit parfait pour moi.
En effet, nous nous
trouvions au milieu d’un bosquet, pas vraiment l’endroit idéal
pour un tireur d’élite.
-Il faudrait trouver un
poste d’observation, nota Marie, ou un truc dans le genre .Anna,
bouge un peu, tu ne seras pas de trop pour nous aider.
Celle-ci ne répondit
pas ; observant attentivement le terrain, elle finit par pointer
du doigt une colline surplombant les autres.
-Le faucon,
articula-t-elle rapidement, tu te postes en haut et tu tires sur tous
les ennemis que tu aperçois. Marie, tu défends la base, il ne faut
pas que Gabriel se fasse attaquer. Moi, j’essayerai de les prendre
à revers en faisant le tour. Quant à toi Emmanuel, tu montes avec
Gabi et tu crées n’importe quoi pour nous défendre.
C’était la première
fois que je prenais part au combat, vu la taille de l’arène,
j’avais dû y entrer moi aussi afin de mieux voir ce qui se
passerait. Marie voulait protester mais déjà nous étions partis,
la colline n’était pas loin et nous y fûmes en quelques minutes.
Une fois en haut, nous constatâmes qu’elle était le point le plus
haut de la zone et que, au loin, une horde d’hommes armés
patrouillaient à notre recherche - j’en dénombrai une dizaine-
armés d’épées, d’arbalètes ou de lances.
-Gabriel, ordonnai-je, à
toi de jouer.
Opinant en silence, il
s’accroupit dans l’herbe grasse, arma son arme et visa. Toucher
une cible en mouvement à cette distance était une tâche ardue,
comme je le craignais, la première balle arriva au pied d’un des
ennemis sans cependant le toucher. Le Faucon jura d’un ton rageur
puis se remit en position .Effrayé par l’attaque, le groupe
cherchait d’où provenait le tir et ne pensait même pas à se
mettre à couvert, cette erreur grave coûta la vie à l’un d’entre
eux qui, touché au thorax, s’effondra, un deuxième homme le
suivit rapidement.
Ayant finalement repéré
le tireur, l’un d’eux courut en arrière, sûrement pour prévenir
ses camarades, qu’il avait trouvé leurs adversaires, quant aux
autres, ils profitèrent de la protection d’un bosquet d’arbres
non loin pour se protéger.
-J’y vais, annonça
Anna.
-Mais ils sont bien plus
nombreux que nous, objecta Marie, seul, tu ne pourras rien faire.
Ignorant encore une fois
son interlocuteur, elle descendit la colline à toutes jambes et se
mit en route, effectuant un large détour afin d’arriver dans le
dos des guerriers. Il était temps pour moi d’organiser un peu
mieux notre camp ; m’asseyant sur un rocher proche,
j’entrepris de créer une petite muraille permettant au faucon
ainsi qu’à Marie de se protéger au cas où des flèches, si
flèches il y avait, arriveraient jusqu’ ici. Ce n’était certes
pas grand chose mais, dans l’état actuel des choses, c’était
la seule chose qui me paraissait utile. De leur côté, le petit
groupe dissimulé dans le petit bois préparait aussi une défense
rudimentaire, arrachant quelques branches pour fabriquer des abris de
fortune. Je ne voyais Anna nulle part, à peine arrivé en bas de la
colline, elle avait foncé parmi les arbres. Ma guerrière s’était
assise par terre et semblait attendre de se rendre utile ;
m’approchant, je m’assis à ses côtés.
-Qu’est-ce que tu
fais ? Demandai-je, ça ne te ressemble pas de rester comme ça,
seule, silencieuse.
Ma question ne parut pas
l’atteindre. Alors que j’oubliais l’espoir d’une réponse,
celle-ci arriva.
-Tu crois qu’on a une
chance ? murmura-t-elle.
-Mais bien sûr,
rétorquai-je, ne me dis pas que tu crains une horde de sauvages !
-Non, bien sûr. Mais la
suite, la grande bataille, tu crois pouvoir gagner ?
Ne me sentant pas de lui
mentir, je répondis franchement :
-Je ne crois pas, non.
Des milliers d’auteurs vont se battre et bon nombre d’entre eux
sont bien plus talentueux que ceux que l’on a vus jusqu'à présent.
Mais j’espère tout de même tenir le plus longtemps possible, de
toute façon, le moment est mal choisi pour douter, pour l’instant,
occupons-nous de ce combat. Vu comme c’est parti, je sens que nous
allons y passer un certain temps et tu vas avoir besoin de toute ta
tête.
Tentant de la
réconforter, j’entourai mon bras autour de ses épaules et,
aussitôt, elle se blottit contre moi. Nous fûmes tirés de cette
étreinte par Gabriel qui nous faisait signe de le rejoindre. Loin
devant nous, là où était apparu le groupe d’éclaireurs, une
véritable tribu se montra, composée d’une trentaine de
personnes ; d’après ce que j’apercevais, tous étaient
vêtus de tuniques légères, ils rejoignirent à toute vitesse le
« bosquet-base », perdant sur le chemin quatre guerriers.
Le faucon tirait avec une précision parfaite et, mis à part son
premier coup, chaque tir se soldait par un ennemi de moins.
-Bon, dit Gabriel quand
les ennemis furent hors de portée de tir, j’ai vu dans la troupe
le gars qui vous a défié, patron.
- Appelle-moi Emmanuel,
patron c’est marrant un moment.
-On est fichus, lâcha
Marie, ils sont trop nombreux.
Sans lui répondre, je
retournai m’asseoir sur ma pierre et commençai à créer toute une
série de pièges basiques destinés à ralentir une éventuelle
attaque ; des pièges à loups, des fosses et des rochers prêts
à tomber apparurent au pied de notre camp. Que faisait Anna ?
Je doutais qu’elle puisse abattre cette troupe à elle toute seule.
Les heures s’écoulèrent sans que rien ne bouge; nos ennemis,
regroupés dans leur camp, préparaient leur prochaine attaque. De
notre côté, ma guerrière commençait à s’impatienter et je
peinais à la convaincre de rester là à ne rien faire.
-Je tourne en rond, se
plaignait-elle, la nuit va bientôt tomber et on n’a pas avancé
d’un pouce !
En effet, le soleil
descendait doucement dans le ciel, bientôt la nuit arriverait et les
difficultés aussi. Finalement, au crépuscule, alors que l’astre
solaire dessinait dans le ciel une flopée de couleurs, des cris
retentirent, le bosquet s’anima, deux imprudents se risquèrent
hors de la protection formée par le feuillage des arbres, ce qui
leur fut fatal. Deux tirs, deux morts. Bientôt le calme revint et,
lorsque le jour fit place à la nuit, on aurait dit que rien ne
s’était passé, j’étais cependant persuadé qu’Anna était
pour quelque chose à cette agitation. Ouvrant son cahier, je
tressaillis en découvrant les pages parsemées de déchirures et de
taches d’encre, mon héroïne était assez gravement touchée.
Alors que les premières étoiles apparaissaient timidement dans le
ciel, des gémissements nous parvinrent depuis le bas de notre
colline. M’approchant doucement, je découvris Anna, gisant à
terre, salement amochée. Avec l’aide de Marie, nous le remontâmes
à l’abri avant de l’allonger avec précaution sur l’herbe.
-Qu’est ce qui s’est
passé ?demandai-je.
-Pas grand-chose, j’ai
essayé de m’infiltrer discrètement mais ça a un peu raté. Je
pensais que chaque personne était un héros, mais en fait, tout
cette armée n’est qu’un seul et même personnage, du coup, si
l’on en tue un, les autres sont au courant.
-Patron !cria le
faucon, ils sortent de tous les côtés !
C’était bien le
moment ! Après m’être assuré que la blessé tiendrait le
coup, j’ordonnai à Marie de descendre au pied du camp et
d’éliminer quiconque tentait de passer. De mon côté, je
commençai à créer des torches, disséminées sur tout le flanc de
la colline et même après pour permettre au sniper d’avoir une
visibilité correcte. Quand ce fut fini, je me plaçai derrière la
muraille et observai la masse se dirigeant vers nous. Ils
avaient déjà parcouru la moitié du chemin et s’apprêtaient à
entrer dans la zone ou j’avais disposé mes pièges. Ne prenant pas
la peine de réfléchir, beaucoup d’entre eux se firent avoir par
les pièges à loup et les fosses à pieux. Malgré cela, il en
restait encore une bonne trentaine et Gabriel eut beau tirer, leur
nombre ne semblait pas diminuer ; ils marquèrent toutefois une
pause face à la guerrière armée de cimeterres, étonnés sans
doute de ne trouver qu’une garde.
Malheureusement,
l’étonnement ne dura pas et, rapidement, ils repartirent à
l’assaut, armes levées, en signe de défi, le premier à s’élancer
fut stoppé net dans sa course : deux plaies sanglantes
s’étaient ouvertes sur son ventre, et avant de s’être rendu
compte de ce qu’il s’était passé, il tomba mort. Affolé
face à cette adversaire qui leur semblait soudain plus terrifiante,
le groupe décida d’attaquer à plusieurs, tentant d’encercler la
combattante afin de l’assaillir de tous les côtés.
Au début, Marie n’eut
aucune difficulté à parer les attaques, mais peu à peu, la fatigue
se fit ressentir, ses gestes devinrent moins précis, ses coup moins
puissants, ses déplacements moins vifs. Une première blessure
s’ouvrit à son épaule droite puis une nouvelle à la cuisse,
malgré les tirs incessants de Gabriel, mon héroïne finit par
prendre la fuite.
Le combat se déroulerait
donc ici, et je devrais également me battre pour survivre à cette
horde. N’ayant aucune arme, j’attendais, effrayé, l’arrivée
des ennemis. Mon attente ne fut pas longue, en moins de cinq minutes,
les premiers poursuivants se montrèrent.
Marie courait à perdre
haleine, sa blessure à la jambe l’empêchait de distancer ses
adversaires. Peu à peu, son avance diminuait et dans quelques
secondes, ils seraient sur elle.
Agissant
instinctivement, mes jambes se mirent en mouvement, un cri rauque
sortit de ma bouche, des chaînes de fer apparurent dans mes mains,
chacune d’elles se terminait par une lame argentée. Je
m’arrêtais à trois mètres des attaquants, fis tournoyer mes
armes au-dessus de ma tète de plus en plus vite et les abattis en
direction de la troupe. Deux cadavres s’effondrèrent, une lame
profondément enfoncée dans leur corps. Je tirai sèchement sur les
chaînes, afin de dégager les dagues, et de porter une nouvelle
attaque ; un nouveau guerrier s’écroula.
La guerrière se retourna
soudain, un ennemi tenta de la trancher en deux, son épée rebondit
sur son bras sans y laisser la moindre trace : le tatouage divin
constituait une bonne défense. Aussitôt, cette dernière
contrattaqua violemment, ne laissant aucune chance au malheureux.
Gabriel avait changé de technique. Après avoir déposé son sniper,
il dégaina ses pistolets et tira dans le tas, il ne resta finalement
de l’armée qu’un tas de cadavres.
Une lointaine sonnerie
retentit, l’affrontement était enfin terminé. Extenués, nous
regagnâmes le salon en silence, Gabriel soutenait Anna et je
soutenais Marie. Comme de coutume, les tables étaient quasiment
toutes occupées.
S’affalant sur une
chaise, la blessée sombra presque immédiatement dans un profond
sommeil, je commandai un effaceur et du scotch puis commençai à
réparer le cahier bien amoché, ce qui eut pour effet de faire
disparaître les lésions. Je savais qu’une question brûlait les
lèvres de Marie mais fort heureusement, celle-ci attendit que j’en
eus fini avec sa compagne pour m’interroger.
-Comment as-tu fait,
demanda-t-elle froidement, d’où sors-tu ces armes, je ne t’ai
pas vu les écrire pendant le combat.
En guise de réponse, je
sortis du sac contenant mes affaires d’écriture un cahier sur
lequel était écrit en gros le nom « Emmanuel ».Ouvrant
de grands yeux étonnés, elle me demanda d’une voix hésitante :
-Tu n’as pas…je veux
dire, ça, ce n’est pas…
-Si, la coupai-je, c’est
moi, ce livre est ma description, ce qui signifie que je suis un de
mes héros.
-Ingénieux, murmura
Gabriel.
Marie, elle, n’était
pas de cet avis. Se levant d’un bond, elle s’écria :
-Tu es complètement
fou ! Si tu te faisais tuer, comment feras-tu, et comment
ferons-nous ?
Je comprenais ses
craintes, un auteur prenant directement part au combat avait plus de
chance de se faire tuer, dans ce cas-là tous ses héros
disparaîtraient, lui avec. Mais ma décision était prise, lors de
la grande guerre, certains écrivains attaqueraient directement les
auteurs, sachant que ce sont eux les plus faibles
-C’est trop tard,
dis-je gravement, tu dois faire avec.
Considérant la
discussion comme terminée, je me levai et retournai dans notre
chambre. M’asseyant au bureau, je me « continuais »,
améliorant certains points, changeant complètement d’autres. Les
lames accrochées aux chaînes gagnèrent en taille et en beauté ;
je les dotai de reflets argentés, les chaînes elles-mêmes
devinrent d’argent, brillant également, je renforçai également
mes protections avec des plaques métalliques au niveau des parties
exposées en combat.
Les idées fusaient dans
ma tête, le flot ne tarissait pas, mais, finalement, rattrapé par
la fatigue, je m’endormis sans avoir pu tout mettre à l’écrit.
Une pensée me traversa : que faisais-je dans le monde réel ?
Que s était-il passé depuis mon arrivée ici ?cette pensée
s’en alla très vite ; quoi que je fasse sur Terre, c’était
sans aucun doute moins intéressant que tout cela.
Anna
Le monde s’embourbait
un peu plus chaque jour ; les villes cédaient leur place à
d’immenses zones industrielles, les gouvernements parquèrent les
populations dans des ghettos délabrés, bref, tout se barrait en
couille de la pire manière qui soit. C’est dans cette ambiance du
genre post-apocalyptique que vint au monde Anna, en l’an 2360
La vie était assez
rude et élever un enfant devenait une véritable épreuve
quotidienne, les vivres venaient quelquefois à manquer, les
logements, et même tous les bâtiments existants, tombaient
littéralement en ruine, et il arrivait que ces ruines tombent sur
des gens, les maladies les plus graves avaient disparu mais celles
qui subsistaient restaient mortelles pour un nouveau-né.
Anna savait courir
avant même de savoir parler, en effet, lorsque l’on vole de la
nourriture à quelqu’un, il est nécessaire de posséder de bonnes
jambes et de savoir s’en servir. Avec ses deux sœurs, elle dormait
là où le vent les menait, littéralement parlant puisque le
quartier où elles étaient se trouvait être en bordure de la
banlieue et donnait directement sur « le monde extérieur »,
une immense étendue aride où la terre sèche et craquelée ne
portait aucune trace de végétation.
Le vent parcourait
donc librement se désert qu’était l’extérieur, et de fortes
bourrasques s’engouffraient entre les immeubles, amenant avec elles
de nuages de poussière, le vent soufflait parfois tellement fort
qu’il empêchait même les gens de faire un pas en avant, aussi les
jeunes filles couchaient-elles là où les rafales ne pouvaient les
atteindre.
Mis part ces détails,
l’enfance d’Anna fut relativement normale, sa mère fut enlevée
par les messagers de la mort lors d’une de leurs rafles, elle
servait maintenant d’esclave à l‘armée gouvernementale. Quant à
son père, la dernière fois qu’Anna le vit, il se portait très
bien et courait à toute vitesse afin d’échapper aux mercenaires,
laissant ses filles comme appâts afin de pouvoir s’enfuir.
Par la suite, la vie
fut clémente envers les trois enfants Quand elle eut 12 ans, la plus
grande des trois se fit remarquer par le chef de gang du quartier,
lequel décida de les prendre, elle, Anna et son autre sœur, sous
son aile. Il s’agissait d’un homme d’une trentaine d’années,
au corps massif et qui dirigeait le quartier d’une poigne de fer.
Ainsi, sous la tutelle d’Edmond, les enfants purent grandir en
toute liberté ; nourries, logées et blanchies, elles n’eurent
plus à voler pour subsister et ne s’inquiétaient plus de trouver
un toit à l’abri du vent pour passer la nuit. Quand elle eut à
son tour 12 ans, Anna se battait déjà contre des garçons plus âgés
et finissait toujours vainqueur. Avec les années, son style continua
de s’améliorer, mais son talent pour le combat ne fut pas la seule
chose à se développer. Son corps devenait peu à peu celui d’une
femme, ses traits s’affinèrent, ses pommettes hautes mettaient en
valeur ses grands yeux verts, sa chevelure châtain et sa bouche en
cœur finissaient de rendre son visage irrésistiblement beau. Au
contraire de ses sœurs, qui héritèrent de mensurations plus que
généreuses, Anna développa une poitrine moins opulente mais
sublimement galbée et de jambes longues et élégantes. Ses combats
quotidiens l’avaient dotée d’une musculature fine qui n’enlevait
rien à son charme.
Evidemment, avec un
tel physique, elle fut très tôt choisie pour exécuter des missions
d’infiltration auprès des gangs adverses. D’abord hésitante,
Anna se prit au jeu d’espionne et mit au point des techniques de
collecte d’informations extrêmement efficaces, et quand les choses
tournaient mal, généralement à cause des femmes des quartiers
infiltrés, elle pouvait compter sur sa maîtrise du corps à corps
pour venir à bout de ses adversaires.
De manière générale,
Anna affichait toujours un sourire enjoué et un regard pétillant de
vie, elle se comportait comme une enfant, ce qui lui valut le surnom
affectif d’éternelle « gamine ». Mais cette attitude
constituait un masque qui cachait une personnalité plus complexe ;
en vérité, Anna se trouvait être extrêmement méfiante,
démesurément jalouse et protectrice et également très
susceptible. Gagner sa confiance tenait de l’exploit, et si quelque
chose ne lui convenait pas, elle n’hésita pas à rapidement en
venir aux mains. Parfaitement consciente de ses atouts, elle
n’hésitait pas à en jouer plus que nécessaire et prenait un
malin plaisir à séduire les hommes qui l’entouraient. À l’âge
de vingt ans, Anna était connue sous le surnom de « l’amante »
et même si sa réputation de croqueuse d’hommes la précédait,
ses cibles tombaient toujours dans ses filets et elle parvenait
presque toujours à accomplir ses missions.
Après l’assassinat
d’Edmond, la sœur d’Anna devint la nouvelle chef du quartier et
fit de sa petite sœur son bras droit. Cette promotion acheva
d’élever Anna au rang de légende vivante, et dans les factions
alentour, le nom de l’amante était associé à une combattante
hors pair dont la férocité n’avait d’égal que sa beauté.
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